mardi 2 décembre 2014

Fuir la citadelle

Auteur : Ryan Graudin
Editions : du Masque (2014)
Collection : MSK
Nbre de pages : 389

Présentation de l'éditeur :
Dai est un jeune garçon issu d’une famille riche de la ville voisine. Ancien dealer, il s’est réfugié à Hak Nam pour échapper à la police. Pour s’en sortir, il doit piéger Longwai, le plus grand trafiquant de drogue de Hak Nam. Il a dix-sept jours pour agir.
Longwai, Mei Yee le connaît. Elle lui appartient, même. Vendue par son père alcoolique à une maison close, elle travaille maintenant pour lui dans les bas-fonds de Hak Nam. En aidant Dai, elle risque sa vie. Peut-elle vraiment faire confiance à ce garçon dont elle ne sait rien ?
Jin Ling est le coureur le plus rapide de Hak Nam. Maigre et agile comme un chat errant, il connaît mieux que personne le labyrinthe des ruelles de la citadelle. Personne ne sait d’où il vient. Personne ne sait qu’il est une fille, à la recherche de sa sœur vendue à une maison close.
S’inspirant du bidonville de Kowloon, enclave de Hong Kong, Ryan Graudin signe un thriller à la fois poignant et palpitant.


Mon avis :

Avant même de commencer ce roman, je pensais qu'il s'agissait d'un premier tome d'une série. Je me suis trompée puisqu'il s'agit d'un one-shot. Je n'avais rien relu de la présentation parce que je voulais entrer dans ce livre avec la seule indication que le titre me donnait.

J'ai donc découvert trois personnages que l'on va suivre tout au long de ces presque 400 pages :

  • Jin Ling : une jeune fille de 14 ans qui a fui la campagne et le domicile de ses parents. Un passé douloureux mais une envie de survivre hors du commun dans cette citadelle. Un caractère fort pour un personnage que j'ai adoré.
  • Dai : un jeune homme de 18 ans qui n'a pas eu le choix et qui vit dans la citadelle depuis 2 ans (tout comme Jin Ling d'ailleurs). Son passé n'est pas glorieux non plus et il a été pour moi le plus énigmatique.
  • Mei Yee : jeune femme de 17 ans prise dans un engrenage infernal suite à un échange effectué par son père. Elle est douce et rêveuse mais son personnage est surprenant au-delà des apparences.
La citadelle de Kowloon : 26 000 m² de bidonvilles
pour 50 000 habitants, fin des années 1980
Le quatrième personnage, si je peux le dire ainsi, est cette fameuse citadelle dans laquelle nous évoluons. C'est un personnage parce qu'elle a ses propres lois. Dans ses murs, la police est défaillante. Seul l'esprit de survie peut sauver ceux qui y vivent.

Je me suis laissée emporter par cette lecture même si, par moment, j'ai trouvé que le rythme était lent. Lent parce que chaque personnage nous raconte son passé, comment il voit l'avenir. Lent parce qu'il faut que tout se mette en place, que le lecteur comprenne comment on vit à Hak Nam et que les liens entre les personnages se fassent.

J'ai été sidérée par ce que j'ai découvert.

Ryan Graudin rend si réaliste tout ce qui se passe dans la citadelle (les échanges de drogue, les combats pour la sauvegarde, les traitements infligés aux filles d'un établissement alors que l'on nous explique aussi comment elles en sont arrivées là...) que, d'un point de vue de femme occidentale, la révolte est forcément à proximité.

Les sentiments s'exacerbent au fur et à mesure que l'on progresse. On se dit qu'entre Jin Ling et Dai, puis Mei Yee par la suite, la fin ne peut pas être aussi désastreuse que ce que l'auteur laisse présager.

Mais, le doute s'insinue dans notre esprit. Rien n'est gagné par avance. Tout est une question de tactique mais surtout de chance.

On sent que Ryan Graudin a fait de nombreuses recherches avant de faire son roman et cela donne un ouvrage exceptionnellement bien documenté même si, pour son intrigue, l'auteur a pris certaines libertés (ce qu'elle explique en fin d'ouvrage).

Je suis totalement adepte de ce genre de lecture parce que, malgré le côté romancé, il y a toujours cette réalité, cette noirceur de ce qu'ont pu vivre les hommes, femmes et enfants dans ces lieux où le soleil n'arrivait même pas à s'immiscer.

Fuir la citadelle est un roman complet sur ce qu'il s'est produit en Chine, à Hong-Kong pendant plus de 30 ans, sans que les autorités chinoises puissent y faire régner l'ordre et la justice. Je vous propose d'ailleurs de lire cet article sur la citadelle de Kowloon qui est fort intéressant.

L'ancienne citadelle est devenue un magnifique parc

Pour terminer, Ryan Graudin dira de Fuir la citadelle : "La première fois que l'on m'a parlé de Kowloon - cette forteresse de misère sans foi ni loi, où la guerre des gangs, le trafic de drogue et de femmes sont monnaies courante - je suis restée bouche bée. (...) Il (le roman) a été difficile à écrire. Ce fut une épreuve mentale et émotionnelle".

Je peux vous assurer que ces épreuves le sont aussi pour le lecteur. Fuir la citadelle est un roman fort et éprouvant que j'ai beaucoup aimé découvrir par la triste réalité qu'il met en avant.


Merci aux Editions MSK pour cette nouvelle découverte coup de poing.


2 commentaires:

  1. Wahou ! Je l'avais repéré lors du salon de Montreuil, et je t'avoue que je n'y avais pas vraiment prêté plus attention que cela... Mais là, là ! Il atterrit directement dans ma wish !

    RépondreSupprimer