dimanche 30 mai 2010

Un peu de pub...


Voilà le forum que Ellcrys et moi avons mis en place depuis maintenant une quinzaine de jours.

Si vous souhaitez nous y rejoindre, n'hésitez pas une seconde : livres voyageurs, lecture commune trimestrielle et échanges sur nos autres lectures; tout y est !

Il ne manque que des membres pour l'alimenter.

Nous espérons que vous y viendrez nombreux, surtout qu'il ne demande qu'à s'émanciper et à vous proposer, au fur et à mesure, d'autres rubriques afin de vous faire plaisir.

A très bientôt j'espère !

mercredi 26 mai 2010

Au coeur des glaces

Auteur : Robert Masello
Editions : France Loisirs (2010)
Nbre de pages : 742

Quatrième de couverture :
En 1854, Sinclair Copley, lieutenant du 17ème régiment des lanciers est blessé sur un champ de bataille en Crimée.
En 2000, Michael Wilde, photo reporter, découvre lors d'une séance photographique sous-marine au pôle Sud, une silhouette humaine prisonnière d'un glacier. Aidé d'une équipe de scientifiques, il ramène le tombeau glacé à la surface afin de le faire fondre et d'en découvrir le contenu : une jeune femme d'une beauté à couper le souffle, un homme revêtu d'un uniforme d'un autre temps qui, contre toute attente, sont vivants... atteints d'une mystérieuse affection...

Mon avis :

La première chose qui m'a attirée dans ce livre était son titre et ensuite sa couverture. Je me suis dit que j'allais passer un très bon moment avec et je me suis laissée convaincre enfin par la quatrième de couverture.

Rien de tel lorsqu'il fait chaud de lire un ouvrage qui vous "refroidit". Et pour être rafraîchissant, ce livre l'est !

On part rapidement au Pôle Sud, d'abord avec Eleanor et Sinclair dans le prologue, puis avec Michael Wilde, photoreporter au magazine Eco-travel, ensuite.

Si globalement l'ouvrage m'a plu, j'ai trouvé certains passages longs voire même inutiles ( par exemple, lorsque Darryl, un océanologue faisant partie de l'expédition, fait l'énumération de la faune aquatique dans l'Antartique; ou encore lorsque l'auteur indique tous les vêtements que portent les personnages avant de sortir. Honnêtement, cela n'apporte rien à l'histoire. On s'en passerait bien !). Du coup, au lieu de 700 pages, le livre aurait pu être réduit d'une bonne centaine de pages.

Par contre, le fait que l'histoire d'Eleanor et Sinclair soit narrée parallèlement à celle de Michael Wilde, avant qu'il ne découvre leurs corps dans un glacier, apporte vraiment beaucoup. Cela nous éclaire sur ce qu'ils sont, qui ils sont et comment ils sont parvenus à vivre cette existence de damnés !

Concernant les personnages, j'ai trouvé qu'ils étaient plutôt "plats" Je ne me suis intéressée à aucun d'entre eux particulièrement, mis à part peut-être la jeune Eleanor. Elle n'a que 20 ans lorsqu'un geste amoureux la fait tomber inexorablement dans cette malédiction. On sent au fur et à mesure que l'histoire avance qu'elle aurait souhaité que tout soit différent. Elle veut redevenir "libre" !

Michael, lui, est anéanti à la suite d'un tragique accident qui a mis son amie dans le coma avec peu de chance de survie. Même si la situation le rend sympathique et même si tous les efforts qu'il va fournir dans cette aventure ne le rend pas désagréable (loin de là), je n'ai eu aucune empathie pour lui. Je l'ai suivi dans son histoire et c'est tout.

Quant à Sinclair, c'est celui que je craignais le plus et pour cause. C'est par lui que tout commence et tout se termine d'ailleurs. Sa vie a été bouleversée notamment par la guerre de Crimée mais il ne m'a pas du tout touchée. Peut-être parce que m'étant attachée à Eleanor, je lui en voulais de ce qu'il lui avait fait !

S'agissant de l'histoire, je l'ai trouvée originale et intéressante à lire (surtout une fois parvenue à la moitié de l'ouvrage).

J'avais, au départ, du mal à cerner qui étaient Eleanor et Sinclair et lorsque je l'ai su, il m'était impossible de lâcher ce livre.

Par contre, j'aurais préféré une autre fin. Cela annoncerait-il une éventuelle suite ? C'est fort possible même si dans le cas présent l'histoire et la fin se suffisent à elles-mêmes.

Quoi qu'il en soit, si vous cherchez un ouvrage pour cet été, je vous le recommande. Malgré quelques longueurs par-ci, par-là, il est prenant avec certaines scènes d'action qui ne sont pas à négliger et même si les personnages ne sont pas exceptionnels, ils méritent quand même le détour. On peut dire que c'est un très bon livre détente.

lundi 24 mai 2010

Quand souffle le vent du nord

Auteur : Daniel Glattauer
Editions : Grasset & Fasquelle (2010)
Nbre de pages : 348

Quatrième de couverture :
Un message anodin peut-il bouleverser votre vie ?
Leo Leike reçoit par erreur un mail d'une inconnue, Emmie Rothner. Poliment, il le lui signale. Elle s'excuse et, peu à peu, un dialogue s'engage, une relation se noue. Au fil des mails, ils éprouvent l'un pour l'autre un intérêt grandissant.
Leo écrit : "Vous êtes comme une deuxième voix en moi qui m'accompagnent au quotidien".
Emmi admet : " Quand vous ne m'écrivez pas pendant trois jours, je ressens un manque."
Emmi est mariée, Leo se remet à grand-peine d'un chagrin d'amour. De plus en plus attirés l'un part l'autre, Emmi et Leo repoussent néanmoins le moment fatidique de la rencontre...

Mon avis :

Ce livre fait l'unanimité sur la blogosphère et j'étais vraiment très curieuse de le lire à mon tour.

C'est grâce à Keisha que mon souhait a pu être exaucé puisqu'elle le propose en livre voyageur et je l'en remercie grandement.

Maintenant en ce qui concerne l'ouvrage tant discuté ces derniers temps, je vais peut-être passer pour le vilain petit canard (encore !) puisque contrairement à l'unanimité je n'ai pas spécialement accroché à ce livre.

Même si les échanges de mails se lisent vite - voire même très vite - il n'en demeure pas moins que jusqu'à quasiment les 100 premières pages, je me suis vraiment ennuyée à les découvrir.

Je comprends bien qu'il faut que la relation s'installe et que cela se fasse petit à petit mais il y a beaucoup de répétitions et je me suis dit que certains passages auraient pu être évités.

A partir du moment où Leo et Emmi "s'engagent" dans cette relation virtuelle on s'attend forcément à ce qu'ils se rendent compte de leur attirance réciproque. Et cela ne vient que quasiment à la fin, l'un et l'autre, tout au long du livre, se refusant à admettre l'inévitable.

L'auteur a voulu montrer les rouages d'une relation virtuelle et en cela il le démontre parfaitement bien. On prend son temps pour apprendre à connaître l'autre mais je pense aussi qu'à un moment où à un autre, la relation doit passer un certain cap.

Ici, il n'était soi-disant question que d'amitié et je n'ai pas compris pourquoi ils mettaient autant de temps à se rencontrer si tout était clair d'un côté comme d'un autre.

Forcément, on sait pertinemment qu'il ne peut pas en être ainsi (je ne suis pas forcément de ces personnes qui croient en l'amitié homme-femme - à un moment indéterminé il peut y avoir basculement de la relation) et du coup ça me saoulait un peu de les voir aussi indécis l'un que l'autre (il faut dire aussi que je suis aussi très catégorique dans mes choix et c'est assez rare que je mette des mois à prendre une décision alors les voir hésiter aussi longtemps l'un et l'autre a mis mes nerfs à rude épreuve).

Par contre, certaines réflexions sont très pertinentes et vraies sur ce qu'apporte une relation virtuelle lorsque dans la vie il nous arrive un gros souci.

Sauf cas spécial, les contacts que nous pouvons avoir entre les uns et les autres ne s'arrêtent pas dans ces moment là, bien au contraire, ils s'affirment et se renforcent. C'est ce qui m'a plu dans ce livre.

J'ai aussi beaucoup aimé l'intervention de la tierce personne lorsqu'il fait un mail à l'un des deux (ceux qui ont lu le livre comprendront, je pense, de qui je veux parler). L'auteur a donné une opportunité à cet individu de donner son point de vue. C'était beau et touchant à la fois.

En bref, je dirai que je n'ai pas trouvé ce livre exceptionnel. C'est un ouvrage qui permet de réfléchir sur l'utilisation d'internet et les dérives que cela peut apporter dans notre vie. En cela, il est intéressant de le découvrir.

jeudi 20 mai 2010

Les foudres de la sor'cière (T2 "Les bannis et les proscrits")

Auteur : James Clemens
Editions : France Loisirs (2009)
Nbre de pages : 736

Présentation de l'éditeur :
Elena n'était qu'une jeune fille de ferme. La voilà destinée à sauver son pays d'une force maléfique prête à tout détruire... ou à mourir d'avoir essayé. Elle porte désormais la marque de la sorcière dans la paume de sa main. Cette tâche écarlate est la preuve d'un don fabuleux à la puissance inimaginable : un pouvoir sauvage, séduisant, difficile à contrôler. Seule celle qui maîtrise la magie sanglante peut s'opposer aux créatures et au mal du Seigneur Noir. Mais Elena n'est pas encore maîtresse de son pouvoir. Protégée par un guerrier sans âge et une bande de renégats, elle part en quête d'une cité perdue où, selon la prophétie, un ouvrage mystique détient la clé de la défaite du Seigneur Noir. Mais si celui-ci la trouve en premier, Elena deviendra son arme la plus terrible...

Mon avis :

Si j'avais beaucoup aimé le tome 1, Le feu de la sor'cière, j'ai encore plus apprécié cette lecture-ci.

J'avais peur d'avoir oublié qui était qui et quelles étaient les relations des uns envers les autres mais finalement je n'ai eu aucun mal à me remettre dans l'histoire d'Elena. Bien au contraire, tout est allé vraiment très vite.

On entre directement dans l'action dès les premières pages et j'ai véritablement accroché au point d'avoir du mal à le lâcher.
On fait la connaissance de nouveaux personnages, gentils ou méchants; ça rajoute d'autant plus à l'aventure à venir surtout que la "communauté" va être obligée de se scinder en deux. Du coup, on va suivre les uns et les autres dans des dangers très différents et pourtant tout aussi prenant.

On voit par exemple arriver Sy-wen, une mer'ai avec son dragon aquatique, Cérité; il y a aussi Kast, un chasseur de dragon, faisant partie de la tribu la plus redoutable des pirates, les Sanguinaires...

Autant dire qu'au départ, on se demande quel rapport il peut y avoir entre les nouveaux personnages et ceux dont on a fait connaissance dans le tome 1 mais petit à petit tout se met en place, une prophétie parallèle à la première intervient également et le puzzle prend forme.

C'est excellent et il est impossible de ne pas continuer sa lecture jusqu'à la fin de l'ouvrage.

Du coup, vous l'aurez compris, si vous avez particulièrement aimé le premier volet de cette saga, je ne peux que vous conseiller de sauter sur le deuxième et vous replonger dans les aventures plus périlleuse de cette jeune fille et de ses amis.
Les pouvoirs prennent de plus en plus de puissance, le Mal prend lui aussi de l'ampleur au point que l'on se demande comment va se poursuivre le tome 3. J'ai d'ailleurs grande hâte de m'y remettre !

Je vous propose d'aller voir d'autres avis, puisque ce livre a fait l'objet d'une lecture commune avec les membres de Livraddict : Phooka, Heclea, Deliregirl, Lisalor, Frankie, Taylor, Caya, Melcouettes, Kristus et Fildediane.

mercredi 19 mai 2010

Monsieur Maléfique

Auteur : Truman Capote
Editions : Folio 2€ (2004)
Nbre de pages : 101

Quatrième de couverture :
Jusqu'à dix dollars pour les meilleurs ! C'est ce que M. Revercomb est prêt à vous donner pour que vous lui racontiez vos rêves soigneusement notés et mis en fiches par sa secrétaire... La jeune Sylvia saisit l'opportunité et quitte son métier de sténo. Mais pourquoi surnomme-t-on Revercomb, M. Maléfique ? N'y a-t-il pas un prix à payer lorsque l'on vend ses rêves ?

Mon avis :

Voilà le seul livre que j'ai lu durant les quatre jours où nous sommes partis pendant le long week-end de l'Ascension. Et encore, cette lecture s'est faite pendant le trajet aller et celui de retour.

Il s'agit de trois nouvelles : Monsieur Maléfique, Tels des enfants, au jour de leur anniversaire et Une dernière porte est close.

Mon angoisse lorsque l'on m'a offert ce livre c'était qu'il ne me plaise pas. Même si j'ai beaucoup aimé De sang-froid du même auteur, tant dans son histoire que dans sa narration et son style, je ne suis pas du tout attirée par le genre "nouvelle" parce que je ne les trouve pas complètes. A chaque fois, il me manque un petit quelque chose pour accrocher.

Malheureusement, il s'est passé la même chose avec cet ouvrage de Truman Capote. Je n'ai pas du tout accroché. On se trouve transporter à un moment ou un autre de la vie des personnages, on passe un peu de temps avec eux et hop tout s'arrête.

Il y a en plus beaucoup de mystère. Les textes sont d'une noirceur terrible. Le tout fait que j'ai été oppressée à chaque fois que je l'ouvrais.

Dans chacune de ces nouvelles, il est question de rêves brisés, d'ambitions perdues pour une raison ou une autre. Les messages que fait passer l'auteur sont bien perçus mais c'est tout.

Je ne pense pas garder un souvenir impérissable de ce livre. Par contre, le malaise persistera à chaque fois que j'y penserai.

Ne jamais vendre son âme au diable, se rappeler que seul le Destin est maître de nos vies : voilà deux vérités qu'il vous faudra garder bien ancrer dans votre tête si vous décidez d'ouvrir cet opus.

samedi 8 mai 2010

Le souffle des Marquises

Auteurs : Muriel Bloch & Marie-Pierre Farkas
Editions : Naïve (2008)
Nbre de pages : 253

Quatrième de couverture :
Lille, 1862 : Eléonore a dix ans et une oreille exceptionnelles. Son père devient fou de rage lorsqu'il découvre qu'elle joue de la musique en cachette : ce n'est pas convenable ! Pour lui faire passer l'envie de devenir musicienne, il l'envoie à Paris chez son oncle et sa tante, qui tiennent une blanchisserie. Mais l'enfant trouve vite le moyen de se faire embaucher dans l'atelier de fabrication d'instruments de Monsieur Sax, le génial inventeur du saxophone. Commence alors une vie peuplée d'amitiés et d'amours impossibles, entre Montmartre et Pigalle, où se croisent peintres, artistes et tout le petit peuple de Paris, aux temps de la commune et des premières Expositions universelles. Devenue une musicienne hors pair, Eléonore rencontre un trompettiste américain qui va bouleverser sa vie. Le souffle de cet amour la conduire au-delà de l'Atlantique, jusqu'à la Nouvelle-Orléans...

Mon avis :

Voilà encore un livre jeunesse que je ne regrette pas d'avoir découvert. Je me suis totalement plongée dans l'histoire d'Eléonore ou plutôt dans sa vie sans ressentir aucun ennui. On lit, on vit avec cette jeune fille qui deviendra jeune femme. On suivra à travers elle l'Histoire à travers l'histoire mais également les moeurs de l'époque. Tout est très bien mis en oeuvre pour que grands et jeunes enfants puissent explorer le monde de la musique mais également le destin d'une jeune fille qui a une véritable soif de liberté. Elle souhaite mener sa vie comme elle l'entend et rien ne pourra l'en empêcher. A travers son personnage, on vivra ses rêves, ses espérances, ses déboires aussi mais surtout on gardera cet espoir qui la suit jusqu'au bout de ses combats. Un livre prévu pour les jeunes à partir de 10 ans et devrait pouvoir trouver d'autres lecteurs tant la narration est magnifique.


L'avis de ma fille :


Eléonore, le personnage principal, est passionnée de musique. Elle nous fait vivre de beaux moments quand elle décrit les instruments ou même quand elle chante - sans fausse note sinon elle s'évanouit ! J'ai imaginé sans problème sa voix si douce et mélodieuse.Son père, un entêté, est tout le contraire de sa mère, douce et compréhensive.Il ne faut pas oublier que les faits ne se passent pas à notre époque et l'Histoire est une matière que j'apprécie beaucoup. Dans ce livre, on est en 1862, une belle époque où découverte instrumentale et guerre sont bien présentes... N'oublions pas que deux histoires d'amour sont aussi là, quelle aubaine, moi qui aime ça et je ne pense pas être la seule... ! Paul, le frère d'Eléonore, m'a autant attendrie que bouleversée. Lui, si frêle et fragile envoyé dans les mines où l'on travaille d'arrache-pied... Une bien triste nouvelle a quand même réussi à me mettre les larmes aux yeux... Ca a été si rapide, choquant !
En conclusion, j'ai aimé ce 1er opus et je tenterai le tome 2 avec plaisir.

Cet ouvrage a été lu dans le cadre d'un partenariat jeunesse avec Blog-o-Book et les Editions Naïve que nous remercions sincèrement pour cette découverte !

vendredi 7 mai 2010

Récapitulatif de mes lectures d'avril 2010

Malgré les dernières péripéties vécues avec Unblog, je viens vous établir la liste de mes lectures du mois d'avril et le livre qui m'a le plus marquée. Pour vous faciliter la tâche, si vous souhaiter lire mon avis sur un de ces ouvrages, je mets directement le lien menant à mon ancien blog sur chaque titre. C'est parti !

Et là il va m'être difficile de faire un seul choix parmi ces titres parce que deux ouvrages se distinguent, tout en étant totalement différents. Du coup, ce n'est pas un livre que je vais mettre en avant ce mois-ci mais deux !

La palme revient donc à Millenium II mais aussi au Cercle littéraire... J'ai passé de superbes moments tant avec l'un qu'avec l'autre et il m'est impossible de faire un choix définitif entre eux. Si vous n'avez pas encore lu ces ouvrages, je vous invite à le faire dès que possible et j'espère que vous passerez d'excellents moments en leur compagnie.

jeudi 6 mai 2010

La peur

Auteur : Gabriel Chevallier
Editions : Le Dilettante (2008)
Nbre de pages : 349

Présentation de l'éditeur :
Paru en 1930, ce livre, largement autobiographique et dont le titre était un défi, raconte la terrible expérience des combattants de 14-18 face à la férocité et l’inutilité de cette guerre. Au Dilettante, nous n’abusons pas des superlatifs mais il s’agit sans nul doute d’un chef d’oeuvre... Écoutons Jacques Tardi : « Tout le monde devrait lire et relire La Peur. »

Mon avis :

Jean Dartemont, le narrateur, est étudiant (19 ans) lorsque débute le conflit de 14-18.
Avec cet ouvrage et à travers son personnage, l'auteur nous fait découvrir toutes les horreurs de la guerre et tout le ressenti des poilus face à ce combat.
On vit finalement le quotidien de ces soldats avec leurs interrogations sur l'intérêt de cette guerre et surtout tout ce qu'ils refusent d'admettre lorsqu'ils sont contraints de sortir des tranchées ou de l'arrière pour combattre les Allemands.
Je pensais fatalement, tenant le côté autobiographique de ce livre, qu'il serait plus difficile à lire. Non pas que les nombreux passages où Gabriel Chevallier décrit les mutilations sont supportables (loin de là), mais le ton qu'il donne à son ouvrage fait qu'indéniablement on s'y accroche et les pages filent rapidement.
On comprend ce que ressent ce jeune homme qui à 19 ans aurait préféré être ailleurs que dans les tranchées à tenter de sauver sa peau par n'importe quel moyen et où la peur ne serait pas constamment présente :
J'imaginais un homme pareil à moi, c'est-à-dire jeune, plein de projets et d'ambitions, d'amours pas encore définies, à peine dégagé de l'enfance et sur le point d'entreprendre. La vie ressemble pour moi à une partie qu'on entame à vingt ans et dont le gain se nomme réussite : argent pour la plupart, réputation pour quelques-uns, estime pour les plus rares. Vivre, durer, n'est rien; réaliser est tout (...)
Si je devais mourir maintenant, je ne dirais pas : c'est affreux ou c'est terrible, mais : c'est injuste et absurde, parce que je n'ai encore rien tenté, rien fait qu'attendre ma chance et mon heure, qu'emmaganiser de la force et patienter... (p. 52-53)
Ce qui est également frappant, c'est lorsque l'auteur décrit les combats. C'est à peine si l'on n'entend pas les tirs de fusil ou de grenade, les cris d'agonie ou au contraire de motivation. On vit l'Histoire en même temps qu'on la lit !

Soudain, dehors, frappant comme un obus sur notre somnolence, le cri brusque, impératif :
- En avant !
- En avant ! en avant ! répétèrent les sergents. Déblayez l'entrée.
(...)
- Attention ! cria le soldat qui se tenait sur les premières marches.
La rafale craqua tout près. L'entrée fut un rectangle rouge, aveuglant, devant nos yeux. La cave trembla. Les respirations haletaient.
- En avant ! Vite ! Vite !
On se jeta dehors en tombant, en s'accrochant, en criant. On se jeta dans la nuit froide, sifflante, dans la nuit en déflagration, la nuit pleine d'obstacles, d'embuscades, de tronçons et de clameurs, la nuit qui cachait l'inconnu et la mort, rôdeuse muette aux prunelles d'éclatements, cherchant ses proies terrifiées. (...)
La panique nous botta les fesses. Nous franchîmes comme des tigres les trous d'obus fumants, dont les lèvres étaient des blessés, nous franchîmes des appels de nos frères, ces appel sortis des entrailles et qui touchent aux entrailles, nous franchîmes la pitié, l'honneur, la honte, nous rejetâmes tout ce qui est sentiment, tout ce qui élève l'homme, prétendent les moralistes (...)
Nous fûmes lâches, le sachant, et ne pouvant être que cela. Le corps gouvernait, la peur commandait." (p. 76-77)
Ces soldats, ces hommes, demeureront écorchés vifs tout au long de leur vie tant physiquement que psychologiquement. Ils n'ont pas voulu cette guerre, ils veulent être ailleurs. Ils sont là "parce qu'[ils] ne peuvent pas faire autrement" et la seule façon pour eux de s'éloigner du front, de l'horreur, c'est d'être blessé, sans que cela soit de façon mortelle, ou de se mutiler eux-mêmes pour être réformés.
On sent alors leur détresse, leur désespérance face à leur avenir si noir.
J'ai réellement était touchée par tout ce que ce livre m'a fait découvrir, connaissant finalement plutôt mal la Grande Guerre de 14-18, dite guerre des tranchées. Mais en lisant cet opus, on se rend compte que c'était aussi "une guerre d'engins". Les soldats ne suffisaient pas pour faire reculer l'ennemi. Des millions de français ont perdu la vie dans ce conflit et ça marque d'autant plus avec les mots.
- Ca finira donc jamais c'te saloperie !
- Mais si, mon vieux, ça ne peut pas durer toujours.
- Ah ! bon Dieu !... si on mettait en scène le père Joffre là dans mon trou, et le vieux Hindenburg en face, avec tous les mecs à brassard, ça serait vite tassé leur guerre !
Au fond, ce raisonnement n'est pas si simpliste qu'il y paraît. Il est même lourd de vérité humaine, de cette vérité que les poilus expriment encore de cette manière : C'est toujours les mêmes qui se font tuer !" (p. 192)
On voit alors l'évolution du personnage Jean Dartemont dans ses réflexions au fur et à mesure que la narration avance, tout comme la guerre qu'il nous raconte. Au départ, la peur est omniprésente puis la haine prend le dessus. Une haine, non pas contre l'ennemi, mais contre l'injustice face à ceux qui veulent ce conflit parce qu'au final les "Boches" (comme les poilus les appellent) vivent la même douleur, la même injustice.
"Nos uniformes diffèrent, mais nous sommes tous des prolétaires du devoir et de l'honneur, des mineurs qui travaillent dans des puits concurrents, mais avant tout des mineurs, avec le même salaire, et qui risquent les mêmes coups de grisou." (p. 283)
Cet ouvrage m'aura beaucoup touchée, non pas par son côté brutal nous obligeant à voir les horreurs qu'une guerre engendre, mais plus par le fait que le narrateur analyse tout ce qu'il vit et perçoit dans les agissements et les paroles de ses supérieurs.
Ce fût une guerre totalement différente de celle de 39-45 mais il est nécessaire, ici aussi, de lire ce genre d'opus pour ne pas oublier ce que ces soldats ont pu vivre pendant plus de 4 ans !

lundi 3 mai 2010

Noirs tatouages

Auteur : Val McDermid
Editions : du Masque (2008)
Nbre de pages : 473

Quatrième de couverture : Cet été là, il a plu comme rarement dans le Lake District et, à l'automne, la tourbière a livré son secret : un cadavre sans âge, couvert de noirs tatouages. Jane Gresham, spécialiste du poète William Wordsworth, pense aussitôt à une légende locale : Fletcher William, le chef des mutins du Bounty, aurait fui Pitcairn pour regagner clandestinement l'Angleterre. Et son vieil ami Wordsworth aurait transformé son récit en poème épique. Persuadée que le précieux manuscrit se trouve chez un descendant du poète, Jane enquête. Mais comme dans toutes les chasses au trésor, les convoi
tises s'éveillent, et les cadavres s'accumulent.

Mon avis :

Même si j'ai mis une bonne semaine pour lire cet ouvrage, j'ai totalement adhéré à ce qui était raconté et j'ai adoré être plongée dans cette ambiance si étrange.

La profession qu'excerce Jane et sa spécialité du poète William Wordsworth font qu'on délecte cet ouvrage. J'ai souhaité prendre mon temps pour le lire afin de m'imprégner de toutes les connaissances que Jane possédait sur ce personnage, mais aussi et surtout pour bien comprendre tout ce que cela engendrait.


De plus, les fins de chapitre sont composées d'extraits où Fletcher Christian (dont le cadavre trouvé serait sien) nous indique ce qu'il fait et où il se trouve. C'est comme si nous lisions son journal intime et c'est tout simplement exceptionnel.

On suit alors deux histoires en parallèle : Jane essaie d'élucider le mystère qui est survenu à Lake District, d'un côté, et de l'autre Fletcher Christian nous raconte sa relation avec les autres marins du Bounty et plus précisément avec le lieutenant Bligh , comment la mutinerie a été mise en oeuvre et comment il a vécu après ça.

J'ai vraiment beaucoup aimé cette façon qu'a eu l'auteur de nous faire vivre une partie de la vie de Christian tout en voyant l'avancée des recherches de Jane.

On croise alors les doigts pour que ce cadavre soit bien celui que cette jeune femme souhaite qu'il soit et tout est réellement mis en place pour que nous aussi nous plongions dans cette recherche de la vérité et de l'identification de ce cadavre.

L'écriture est efficace; je n'ai pas trouvé de longueur; on suit pas à pas l'enquête; on ne se doute pas vraiment de ce qui va arriver. En bref, j'ai vraiment aimé le tout.

Je ne peux que vous conseiller cet ouvrage qui m'a d'ailleurs donné l'envie irrépressible de connaître davantage tant l'histoire du Bounty que celle de William Wordsworth.

Je tiens à remercie Anne Blondat des Editions du Masque pour cet envoi et la découverte d'un auteur que je compte bien suivre avec notamment "Quatre garçons dans la nuit".

D'autres avis chez BOB, Merydien, Faverolle, Martine.